Bac de français 2024 : le sujet pour les centres d’examens à l’étranger (Europe, Afrique...) (2024)

« Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée »... Alfred de Musset, Arthur Rimbaud, Francis Ponge… Découvrez les sujets de l’épreuve du bac de français (ses auteurs et textes qui les composent) qui s’est tenue ce lundi 3 juin 2024 pour l’ensemble des lycéens scolarisés à l’étranger dans plus de 80 pays (Groupe 1 : Europe, Afrique, Moyen-Orient...) et qui passent traditionnellement plus tôt leurs épreuves.

Rappel des dates du bac 2024 pour la métropole : les épreuves anticipées du bac de français auront lieu le vendredi 14 juin pour l’écrit et du 24 juin au 5 juillet pour l’épreuve orale (convocation personnelle).

Durée de l’épreuve : 4 heures

Coefficient : 5

L’usage de la calculatrice et du dictionnaire n’est pas autorisé.

Sujet du bac français 2024 - bac général - centres de l’étranger (groupe 1)

Vous traiterez, au choix, le commentaire ou l’un des sujets de dissertation :

1- Commentaire (20 points)

Objet d’étude : Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle

Alfred de Musset, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée (1845)

Le Comte et la Marquise se connaissent bien. Il est venu lui rendre visite, alors qu’elle attend des amis. Il a quelque chose à lui dire...

LE COMTE.

Vous riez de tout ; mais, sincèrement, serait-il possible que depuis un an, vous voyant presque tous les jours, faite comme vous êtes, avec votre esprit, votre grâce et votre beauté…

LA MARQUISE.

Mais, mon Dieu ! c’est bien pis qu’une phrase, c’est une déclaration que vous me fabriquez là. Avertissez au moins : est-ce une déclaration ou un compliment de bonne année ?

LE COMTE.

Et si c’était une déclaration ?

LA MARQUISE.

Oh ! c’est que je n’en veux pas ce matin. Je vous ai dit que j’allais au bal, je suis exposée à en entendre ce soir ; ma santé ne me permet pas ces choses-là deux fois par jour.

LE COMTE.

En vérité, vous êtes décourageante, et je me réjouirai de bon coeur quand vous y serez prise à votre tour.

LA MARQUISE.

Moi aussi, je m’en réjouirai. Je vous jure qu’il y a des instants où je donnerais de grosses sommes pour avoir seulement un petit chagrin. Tenez, j’étais comme cela pendant qu’on me coiffait, pas plus tard que tout à l’heure. Je poussais des soupirs à me fendre l’âme de désespoir de ne penser à rien.

LE COMTE.

Raillez (1), raillez, vous y viendrez.

LA MARQUISE.

C’est bien possible ; nous sommes tous mortels. Si je suis raisonnable, à qui la faute ? Je vous assure que je ne me défends pas.

LE COMTE.

Vous ne voulez pas qu’on vous fasse la cour.

LA MARQUISE.

Non. Je suis très bonne personne ; mais, quant à cela, c’est par trop bête. Dites-moi un peu, vous qui avez le sens commun, qu’est-ce que signifie cette chose-là : faire la cour à une femme ?

LE COMTE.

Cela signifie que cette femme vous plaît, et qu’on est bien aise de le lui dire.

LA MARQUISE.

À la bonne heure ; mais cette femme, cela lui plaît-il, à elle, de vous plaire ? Vous me trouvez jolie, je suppose, et cela vous amuse de m’en faire part. Eh bien, après ? Qu’est-ce que cela prouve ? Est-ce une raison pour que je vous aime ? J’imagine que, si quelqu’un me plaît, ce n’est pas parce que je suis jolie. Qu’y gagne-t-il, à ces compliments ? La belle manière de se faire aimer que de venir se planter devant une femme avec un lorgnon, de la regarder des pieds à la tête, comme une poupée dans un étalage, et de lui dire bien agréablement : Madame, je vous trouve charmante ! Joignez à cela quelques phrases bien fades, un tour de valse et un cornet de bonbons, voilà pourtant ce qu’on appelle faire sa cour. Fi donc ! comment un homme d’esprit peut-il prendre goût à ces niaiseries-là ? Cela me met en colère quand j’y pense.

LE COMTE.

Il n’y a pourtant pas de quoi se fâcher.

LA MARQUISE.

Ma foi, si. Il faut supposer à une femme une tête bien vide et un grand fonds de sottise, pour se figurer qu’on la charme avec de pareils ingrédients. Croyez-vous que ce soit bien divertissant de passer sa vie au milieu d’un déluge de fadaises (2), et d’avoir du matin au soir les oreilles pleines de balivernes (3) ? Il me semble, en vérité, que, si j’étais homme et si je voyais une jolie femme, je me dirais : Voilà une pauvre créature qui doit être bien assommée de compliments ; je l’épargnerais, j’aurais pitié d’elle, et, si je voulais essayer de lui plaire, je lui ferais l’honneur de lui parler d’autre chose que de son malheureux visage. Mais non, toujours : « vous êtes jolie, » et 45 puis « vous êtes jolie, » et encore jolie. Eh ! mon Dieu, on le sait bien. Voulez-vous que je vous dise ? vous autres hommes à la mode, vous êtes des confiseurs et des perruquiers.

LE COMTE.

Eh bien ! madame, vous êtes charmante, prenez-le comme vous voudrez.

(On entend la sonnette.)

On sonne de nouveau, adieu, je me sauve.

(Il se lève et ouvre la porte.)

—————————

1. railler : ne pas parler sérieusem*nt, plaisanter, se moquer.

2. fadaises : propos plat, sot ou insignifiant.

2. balivernes : propos sans vérité ; plaisanterie légère.

2- Dissertation (20 points)

Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle

Le candidat traite au choix, compte tenu de l’oeuvre et du parcours associé étudiés durant l’année, l’un des trois sujets suivants :

A. OEuvre : Arthur Rimbaud, Cahier de Douai

Parcours : Émancipations créatrices

Un critique écrit à propos d’Arthur Rimbaud : « Son désir ? Tout réinventer, tout vivre, tout redire. Tout abattre d’abord. » Dans quelle mesure cette citation éclaire-t-elle votre lecture du Cahier de Douai ?

Vous répondrez à cette question dans un développement organisé. Votre réflexion prendra appui sur l’oeuvre d’Arthur Rimbaud au programme, sur le travail mené dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.

B. OEuvre : Francis Ponge, La rage de l’expression

Parcours : Dans l’atelier du poète

Un critique affirme : « Chaque fois recommencée, sans aboutissem*nt possible, l’oeuvre s’explore, progresse péniblement, cherche sa propre fluidité, son bon écoulement ». En quoi cette réflexion vous paraît-elle pouvoir éclairer le travail à l’oeuvre dans La rage de l’expression ?

Vous répondrez à cette question dans un développement organisé. Votre réflexion prendra appui sur l’oeuvre de Francis Ponge au programme, sur le travail mené dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.

C. OEuvre : Hélène Dorion, Mes forêts

Parcours : La poésie, la nature, l’intime

Dans Mes forêts, la nature n’est-elle qu’une métaphore de l’intériorité ?

Vous répondrez à cette question dans un développement organisé. Votre réflexion prendra appui sur l’oeuvre d’Hélène Dorion au programme, sur le travail mené dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.

Le sujet officiel en intégralité en PDF ici

À lire aussiBac français 2024 : la liste des œuvres au programme

Sujet du bac français 2024 - bac techno- centres de l’étranger (groupe 1)

Vous traiterez au choix, l’un des deux sujets suivants :

1- Commentaire de texte (20 points)

Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle

Texte : Victor Hugo, « Vois, cette branche est rude... », Les Feuilles d’automne, XXVI, 1831.

Vous ferez le commentaire du texte de Victor Hugo extrait des Feuilles d’automne en vous aidant des pistes de lecture suivantes :

1- L’énergie vitale de la nature.

2- La leçon sur la nature qui invite à l’amour.

2- Contraction de texte (10 points) et essai (10 points)

Objet d’étude : La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle

Le candidat traite, compte tenu de l’oeuvre et du parcours étudiés durant l’année, l’un des trois sujets suivants :

A – Rabelais, Gargantua, chapitres XI à XXIV / parcours : la bonne éducation.

Texte : Maxime Rovere, L’École de la vie, 2020.

Contraction : Vous ferez la contraction de ce texte en 189 mots. Une tolérance de plus ou moins 10% est admise : les limites sont donc fixées à au moins 170 mots et au plus 208 mots. Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et vous indiquerez à la fin de la contraction le nombre de mots qu’elle comporte.

Essai : Selon vous, une bonne éducation se résume-t-elle à la transmission de savoirs ?

Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question, en prenant appui sur Gargantua (chapitres XI à XXIV) de Rabelais, sur le texte de l’exercice de la contraction (texte de Maxime Rovere) et sur ceux que vous avez étudiés dans l’année dans le cadre de l’objet d’étude « La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.

B – La Bruyère, Les Caractères, livre XI « De l’Homme » / parcours : peindre les

Hommes, examiner la nature humaine.

Texte : Marcella Leopizzi, « Considérations de La Bruyère sur la mode. Le portrait d’Iphis », dans La grâce de montrer son âme dans le vêtement, 2015.

Contraction : Vous ferez la contraction de ce texte en 188 mots. Une tolérance de plus ou moins 10% est admise : les limites sont donc fixées à au moins 169 mots et au plus 207 mots. Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de votre contraction, le nombre total de mots utilisés.

Essai : Selon vous, faut-il seulement faire preuve de « lucidité », ou également de « férocité » (l.48), pour bien peindre les hommes et examiner la nature humaine ?

Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question, en prenant appui sur le livre XI des Caractères de La Bruyère, sur le texte de l’exercice de la contraction (texte de Marcella Leopizzi) et sur ceux que vous avez étudiés dans le cadre de l’objet d’étude « La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.

C – Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (du« préambule » au « postambule ») / parcours : écrire et combattre pour l’égalité.

Texte : Isabelle Queval, « Philosophie des Lumières, la passion pour l’égalité aux prémisses de la société inclusive », Altérité(s) et société inclusive, 2022.

Contraction : Vous ferez la contraction de ce texte en 186 mots. Une tolérance de plus ou moins 10% est admise : les limites sont donc fixées à au moins 167 mots et au plus 205 mots. Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et vous indiquerez à la fin de la contraction le nombre de mots qu’elle comporte.

Essai : Écrire et combattre pour l’égalité, est-ce gommer les différences entre les individus ?

Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question, en prenant appui sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (du « préambule » au « postambule ») d’Olympe de Gouges, sur le texte de l’exercice de la contraction (texte d’Isabelle Queval) et sur ceux que vous avez étudiés dans l’année dans le cadre de l’objet d’étude « La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.

Le sujet avec le texte complet en PDF disponible ici

Consultez aussi les sujets de l’an dernier et des années passées :

Annales du bac de français - consultez aussi :

Bac de français 2024 : le sujet pour les centres d’examens à l’étranger (Europe, Afrique...) (2024)
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